vendredi 10 juillet 2015

Expulsions : à qui le tour ?



Ça n’aura pas traîné. A peine achevée l’année scolaire, le coup d’envoi fut donné mercredi 8 juillet des évacuations de campements Rroms, tradition estivale désormais bien ancrée dans les habitudes. Porte d’Aubervilliers, d’abord. Puis, dès le lendemain, Ivry-sur-Seine. Retour sur ces deux expulsions.

                                                                                                                                                   (photo D.Maunoury)
 
Porte d’Aubervilliers, c’est une soixantaine de Rroms qui furent encerclés par les forces de police, au matin du mercredi 8. Prévenus la veille de l’expulsion, le collectif RomParis n’avait eu que la nuit pour prévenir de l’imminence de l’opération. La mairie avait, elle, dépêchée quatre représentants, et la préfecture le directeur de cabinet du préfet. Empêtré dans une liste d’habitants visiblement non mise à jour, peu enclin au dialogue, il a ordonné l’évacuation d’un terrain pratiquement désert, puisque les habitants, par sécurité, s’étaient pour la plupart réfugiés dans le square du Millénaire. Aucun dispositif d’aide d’urgence et encore moins de relogement n’avait été prévu, et des familles avec enfants se sont retrouvés à la rue, une nouvelle fois. Sur la totalité, seules trois familles avec bébés se sont vues proposer un hébergement en hôtel. Nouveau cafouillage, et mauvaise gestion : les trois familles ont erré d’hôtel en hôtel, avant de pouvoir se poser. D’autres familles se sont installées sous des tentes, dans le parc de la Villette, au niveau de la Cité de la Musique.
(source : romeurope)

A Ivry-sur-Seine, c’est le lendemain, dans la matinée de jeudi qu’a eu lieu l’évacuation. Elle concernait, à l’origine, environ 300 personnes. Mais comme souvent beaucoup d’entre elles n’avaient pas attendu l’arrivée des forces de l’ordre (impressionnantes en nombre) pour prendre les devants et quitter les lieux, s’éparpillant dans d’autres campements de la région parisienne, ou se retrouvant sans solution, à la rue. Dans ce cas comme dans le précédent, aucun dispositif particulier n’avait été prévu en matière d’hébergement, si ce n’est quelques nuits d’hôtel : belle générosité que l’on appréciera à  sa juste mesure en citant le cas de ce couple, parents de onze enfants, et qui eut l’audace de refuser une chambre prévue pour eux et la petite dernière, les dix autres enfants se retrouvant livrés à eux-mêmes. Ce refus fut dénoncé par le représentant de la préfecture, lequel en fit l’exemple de la mauvaise volonté que met cette population à accepter la main tendue…
(source : France Inter)

Ces deux nouvelles expulsions n’ont rien d’exceptionnel, ni dans les arguments avancés pour y recourir, ni dans la manière dont elles furent conduites, ni dans les « résultats », calamiteux qu’elles ont produites. A Aubervilliers, à Ivry, des familles étaient installées depuis 4, 5, 7 ans, et des enfants scolarisés. Péniblement, pas après pas, ces gens se bâtissaient une nouvelle vie, basée sur les promesses faites par des autorités qui, disaient-elles, les aideraient à s’intégrer. Avant de changer d’avis, avec brutalité, et de les renvoyer à une précarité extrême, brisant au passage les parcours scolaires des enfants.
La pause estivale ne fait que commencer, et le « grand ménage » est déjà engagé. Maintenant, à qui le tour ? A Saint-Ouen ?

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